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« Celle qui sort de sa coquille ! » : Rose

Alors qu’elle attendait sa régularisation, Rose, Camerounaise, a assuré avec succès des missions bénévoles au sein de trois associations. Elle a ainsi découvert des milieux différents. Une expérience qui lui a permis de trouver un premier CDD.

Au Cameroun, Rose était technicienne biologiste de santé. Elle a quitté son pays en 2016. Pourquoi ? « Comme tout un chacun. »

Elle est arrivée en avion avec un visa de trois semaines et a été accueillie à Nanterre (Hauts-de-Seine) par une de ses sœurs. Elle a fréquenté la Halte Femmes qui assure un accueil de jour Gare de Lyon à Paris. L'association Aurore qui gère cette structure l'a aidée à déposer une demande d'hébergement stable et une demande de régularisation. Ces deux demandes ont abouti : Rose habite dans un foyer du 11ème arrondissement de Paris et a obtenu un titre de séjour en août 2018.

Depuis sa régularisation, Rose a travaillé en intérim comme employée dans les cantines scolaires, par l'intermédiaire de l'agence Link. Elle recherche un emploi stable.

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Un restaurant solidaire

« Avant d’être régularisée et de pouvoir travailler j'ai souhaité faire du bénévolat. Je ne voulais pas rester couchée toute la journée, je voulais aider. » C'est ce que Rose a expliqué à l'administration du foyer où elle était hébergée. Celle-ci l'a orientée vers l'association Asterya qui lui en a indiqué deux autres : la Petite Rockette et les Papillons blancs de Paris.

C'est à la Petite Rockette, rue du Chemin vert dans le 11ème arrondissement de Paris, que Rose a démarré le bénévolat. Cette association organise de nombreuses activités citoyennes et solidaires comme une ressourcerie, un atelier de réparation de vélos et un restaurant, la Trockette, qui propose chaque jour un menu à petit prix concocté avec les invendus d'épiceries partenaires.

Rose y a passé près de neuf mois, du mardi au vendredi, de 8h30 à 1h. « Cela m'a beaucoup apporté. J'y ai développé de la polyvalence, de l'autonomie et j'ai travaillé en équipe. Chacun apportait son savoir-faire. A partir des produits qui nous arrivaient, j'imaginais et confectionnais des plats et faisais la plonge. J'ai appris les règles d'hygiène et de sécurité. Cela m'a mise dans une voie, la cuisine. J'ai aussi suivi, grâce à l'association Autre monde, une formation de trois mois au français de la restauration. C'est grâce à ce bénévolat que j'ai pu ensuite trouver un travail dans les cantines scolaires. J'ai aussi sympathisé avec d'autres bénévoles. »

Ecouter les personnes autistes

Aux Papillons blancs de Paris, association qui accompagne des personnes handicapées mentales et leurs familles, Rose a secondé, pendant deux mois, le responsable de l'atelier informatique. Et ce, une fois par semaine, pendant deux heures. « J'aidais une personne autiste, je l'écoutais, je l'accompagnais si elle voulait quitter la séance. J'ai eu cette chance que les personnes handicapées venaient vers moi et s'attachaient. Du coup, j'ai enchaîné sur un deuxième atelier car ma présence calmait deux participants qui avaient l'habitude de se quereller. Un an après avoir arrêté cette mission, je suis allée à une journée portes ouvertes de cette association. L'un d'eux était là, il m'a tout de suite reconnue et appelée. Cela m'a beaucoup émue. Cela m'a beaucoup plu de découvrir ce monde et d'être en contact avec ces personnes. J'ai vu que je pouvais m'adapter à différents milieux. »

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Réconforter les SDF

Pour diversifier son expérience, Rose a contacté une troisième association, Kehassakida, qu'elle a connue par relations, qui distribue les invendus de boulangeries partenaires à des sans-abri. Elle y a œuvré une matinée par semaine, pendant neuf mois. « Je distribuais les salades et les croissants et, surtout, j'essayais de réconforter les SDF. Quand ils voient qu'on les écoute, ça leur fait du bien et cela m'a fait du bien, à moi aussi. J'ai eu l'impression de les aider. C'est aussi important de les accepter que de leur donner un sandwich. »

Aujourd'hui, Rose a arrêté le bénévolat pour se concentrer sur sa recherche d'emploi. « Le bénévolat apporte beaucoup, conclut-elle, il permet de découvrir différents milieux, de s'adapter, de s'intégrer. Le bénévolat m'a fait beaucoup de bien et j'espère le reprendre dès que j'aurai un emploi stable. »

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Crédits vidéo de Passerelle de Mémoire

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Réactions et commentaires

Joël

Un engagement solidaire, telle est la devise de Rose. Elle multiplie les expériences pour assouvir sa soif d’apprendre. De ce parcours, elle recherche un nouveau travail pour pouvoir s’intégrer dans son nouveau pays.

Elle sort de sa zone de confort à chaque expérience pour être plus polyvalente et maximiser ses chances de retrouver un nouveau travail.

Un beau parcours pouvant servir d’exemple pour beaucoup d’immigrés.

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Monique

Rose, ce prénom, tire son origine du latin « Rosa : peut se dévouer corps et âme à une cause qu'elle estime juste »

Rose, camerounaise, arrivée en France en 2016, une femme courageuse "qui ne voulait pas rester coucher" dans l'attente de sa régularisation.

Rose décide de faire du bénévolat et profite de cette opportunité pour développer des compétences et attitudes professionnelles qui seront transférables dans la construction de son projet professionnel.

Rose nous fait partager son expérience de bénévole (vingt mois en immersion totale) dans trois associations : à la Petite Rockette.au Restaurant solidaire (Confectionner des plats en cuisine, faire la plonge. ) aux Papillons Blancs ( Écouter , Accompagner et Apaiser des jeunes autistes ) à l'association KEHASSAKIDA ( Réconforter des personnes sans domicile fixe ) Rose a tout compris :le bénévolat favorise : l'initiative, la créativité et l'intégration :

Rose fait preuve d’écoute, de générosité, d'implication et toujours ce fil rouge : Respecter l'autre. (Notamment auprès des personnes les plus vulnérables) Nous devons à présent l'accompagner dans sa recherche d'un emploi stable Mes yeux bleus brillent à la lecture de ce portrait et une confidence ma Maman s'appelait ROSE.

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Marie-Laure Huon de La Morinerie, responsable des réseaux bénévoles à la Direction des activités sociales d’AG2R LA MONDIALE

Rose ouvre une réflexion sur ce qui fait la valeur d'un travail ou plutôt d'une action ? Le temps passé à réaliser une mission, quelle qu’elle soit, avec ou sans salaire, n'a-t-il pas une valeur intrinsèque ?

L'engagement, qu'il soit salarié ou non, est d'abord un prolongement de soi-même, un accès à soi, à ses capacités, à ses rêves.

S'engager permet de créer, de transformer le monde, mais surtout de se créer, se connaître, se transformer, s'estimer, se rencontrer.

Où mettons-nous la valeur de nos actions ? Faut-il mesurer la valeur de nos actions au salaire qui en découle ?

L'action précède la rétribution. La finalité d'une action, c'est peut-être le lien social et le lien de soi à soi, avant le salaire ?

Rose l'a bien compris en faisant passer le bénévolat en premier, avant même sa toute première recherche d'emploi.

Vouloir le bien avant de vouloir son bien, tel a été le principe de réussite de Rose. Et ça paie !

Ce témoignage nous rappelle toutes nos fragilités. Nous sommes Rose qui arrive sans rien, les mains nues et le cœur avide d'un ailleurs.

Nous sommes Rose qui rêve d'apprendre à cuisiner tout en faisant la plonge.

Nous sommes Rose émue en accueillant dans ses bras ce jeune autiste qui l'a reconnue, appréciée, aimée.

Nous sommes Rose partageant plus qu'un sandwich avec les SDF.

Et nous sommes tous ceux que Rose a pu croiser.

A la lecture de ce témoignage, j'ai découvert que, demain, je pouvais être Rose et que je ne devais pas attendre d'être Rose pour quitter ma zone de confort.

J'ai découvert qu'il ne fallait pas vouloir aider pour aider vraiment, mais simplement rester humble, vouloir surtout être en relation et accueillir le chemin qui s'ouvre.

Le type d'engagement de Rose pourrait être qualifié d'engagement de survie au départ : « Je ne voulais pas rester couchée toute la journée. »

Puis, il s'est transformé en engagement d'ouverture aux possibles. Et ces possibles ont fini par tracer une ligne droite.

Or, la société de demain devra être une société d'ouverture aux possibles. Il faudra une transformation en profondeur pour que nos anciennes croyances ne nous enferment plus dans des scénarios répétitifs et de destruction (de la planète, de notre monde intérieur). Depuis le coronavirus, l'homme apprend à nouveau qu'il est mortel, qu'il peut vivre sans consommer, qu'il peut s'ouvrir aux autres tout en étant confiné. Rose nous donne cet élan vital et nous permet de rejoindre notre humanité faite de don, d'ouverture et de simplicité.

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