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« Du handicap au bénévolat » : Thomas

Tout en travaillant dans un établissement spécialisé, ce joueur de djembé et de batterie s’implique dans plusieurs associations.

Tout en travaillant dans un établissement spécialisé, ce joueur de djembé et de batterie s’implique dans plusieurs associations.
Depuis 19 ans, Thomas travaille dans un ESAT (Etablissement et service d’aide par le travail) du 12ème arrondissement de Paris. Agé aujourd’hui de 39 ans, cet homme en situation de handicap mental, est engagé dans plusieurs activités de bénévolat. Elles sont d’autant plus exemplaires que sa vie sociale est, par ailleurs, particulièrement riche.

D’abord, son emploi qui l’occupe 35 heures par semaine. « Je conditionne des sachets de thé, des gâteaux des chocolats et des bonbons », énumère-t-il. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il se rend toujours disponible pour remplacer un collègue absent, y compris dans d’autres activités que le conditionnement. Ainsi, chaque semaine, il assure, au Secours catholique, une prestation d’entretien des locaux. Rendre service est pour lui tout naturel. D’où le bénévolat. Et suffisamment significatif pour qu’il se voit remettre un Passeport bénévole®.

Djembé et batterie
Son premier engagement bénévole s’est traduit dans le cadre des Papillons blancs de Paris, cette association qui soutient les personnes en situation de handicap mental et leurs familles. Depuis plusieurs années, Thomas participe, en tant qu’adhérent, à son atelier artistique. Il s’y s’exerce à la peinture, la sculpture ou la gravure. C’est d’ailleurs par ce biais qu’il est entré à l’association. « Et nous allons visiter des expositions, par exemple au musée Rodin et au musée Picasso », ajoute-t-il. En même temps, toujours dans le registre artistique, Thomas joue de la batterie depuis l’âge de 7 ans à l’école de musique de la RATP, l’entreprise où sa mère travaillait. Il y partage sa passion tous les vendredis au sein d’un jazz band. Il joue également du djembé, cet instrument africain de percussion qu’il maîtrise depuis plusieurs décennies
Comme Les Papillons blancs organisent chaque année un concert dénommé Autour d’une scène, il était logique que Thomas s’y produise. D’autant que son niveau est très professionnel. Mais sa prestation ne s’arrête pas là. Il raconte : « J’aide à préparer le concert, en particulier à choisir les artistes invités et, à la fin, j’interviens au micro pour adresser nos remerciements ». Responsable du bénévolat à l’association, Bérangère Grisoni précise : « C’est même lui qui a suggéré d’introduire de la musique classique dans le concert alors qu’il n’était prévu initialement que du jazz et des variétés ». En outre, au cours d’un de ces concerts et le temps d’une chanson, il s’est mis à la guitare métal.

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Les morts de la rue

En dehors des Papillons blancs, Thomas s’implique dans une autre association, le collectif Les Morts de la Rue, qui définit ainsi son action : « Mettre en œuvre et développer les moyens et actions nécessaires pour la recherche, la réflexion et la dénonciation des causes souvent violentes des morts de la rue, pour des funérailles dignes de la personne humaine, pour l’accompagnement des personnes en deuil, sans distinction sociale, raciale, politique ni religieuse ». Une fois par an, un hommage public est rendu à ces victimes. A cette occasion, Thomas joue du djembé et lit les faire-part de décès de certains d’entre eux. Il en est très ému : « Ce qui me choque, c’est que ce soit des gens plus jeunes que moi et qui vivaient dans des quartiers que je connais ».

Et quand on lui demande ce que lui apporte le bénévolat, il répond aussitôt avec un large sourire : « De la joie parce que j’aime partager ».

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Crédits images de Passerelle de Mémoire

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Réactions et commentaires

Dominique

J’ai demandé, à plusieurs reprises, à Thomas d’intervenir dans des « événements » de France Bénévolat (colloques, remises de « Passeport Bénévole » ®, …). Il accepte toujours, parfois en prenant des jours de congé. Lui, pas tout à fait pareil, nous apporte sa joie et son rayonnement. Du coup, c’est notre évènement qui n’est plus tout à fait pareil : pas besoin de discours institutionnel, plus d’échanges attentifs, plus de convivialité. …Ce n’est pas seulement sympa ; c’est la belle phrase d’Albert Jacquard mise en préface : « Je suis liens que je tisse ». Thomas, peut-être sans le savoir, en tisse beaucoup ?

 

Bérangère

« Mais pourquoi dit-on que Thomas est handicapé ?" s'exclame Sophie membre actif du Collectif à la fin de l'hommage. Je ne comprends pas insiste Sophie : "Thomas est un joueur de djembé hors pair, il est beau, intelligent. Pourquoi dire de lui qu'il est trisomique ?" Thomas, joueur de djembé confirmé, avait été sollicité pour participer à l'hommage annuel des Morts de la Rue. Thomas touché par la situation des personnes sans abri ne s'était pas contenté de venir rendre hommage en jouant du djembé. Il avait auparavant pris le temps de lire intégralement le faire-part des personnes décédées à la rue : plus de 500. Thomas était particulièrement touché lorsque la personne décédée avait un âge plus jeune que le sien. Il réagissait aussi lorsqu'il connaissait les lieux de décès. S'identifiant ainsi un peu plus aux personnes. Le jour de l'hommage Thomas a demandé à dire quelques mots au micro. C'était spontané, il n'avait pas préparé cette prise de parole en public. Il a dit simplement qu'il remerciait le Collectif de l'avoir invité et qu'il avait une pensée pour chacune des 500 personnes décédées. Nous partageons l'indignation de Sophie Ne réduisons pas Thomas à son handicap.

 

Joël

Ce qui caractérise Thomas c’est, malgré son handicap, sa disponibilité vis à vis de ses collègues, sa volonté d’apprentissage pour des activités artistiques et son ouverture d’esprit pour tisser de nouveaux liens.

Son engagement vis-à-vis de plusieurs associations permet de relever les défis et de remettre en cause les stéréotypes à l’égard des personnes un peu différentes.

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