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« Bénévole normand à plein temps » : Yves

Depuis qu’il a cédé ses parts à ses salariés, cet ancien chef d’entreprise se consacre quasiment exclusivement à l’animation d’une association qui monte des spectacles son et lumière. Mais pas seulement.

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« Le bénévolat, j’y suis tombé tout jeune quand mon père était maire de notre petite commune », s’exclame en riant Yves, âgé aujourd’hui de 58 ans. Il poursuit : « C’est comme la famille, c’est une réalité ». Une réalité qui se traduit essentiellement par son implication dans l’ (Association Vie et Culture) dont il est le président. Quand il s’agit, depuis 1997, de gérer chaque été entre 400 et 500 bénévoles et une centaine le reste de l’année, pas étonnant qu’il soit fort occupé. Cette association, en effet, créé, monte et joue des spectacles son et lumière sur l’histoire de la Normandie dans l’abbaye de la petite commune de Gruchet-le-Valasse (3 000 habitants), en Seine-Maritime. « Au départ, je n’imaginais pas que cela prendrait un telle ampleur », reconnaît-il. Il faut dire que, à raison d’une création tous les cinq ans, 16 à 18 représentations annuelles entre juillet et septembre qui accueillent chacune 1 200 spectateurs, Yves ne chôme pas.

Son passé de chef d’entreprise lui est fort utile. Ne serait-ce que pour structurer son association en groupes. L’un, par exemple est dédié au son, un autre à la lumière, un troisième aux décors ou un quatrième aux costumes. « Ce qui est intéressant, c’est que l’association représente notre société et un espace de vie. On y trouve aussi bien des familles entières, que des gens de toutes professions et de tous âges », apprécie Yves, particulièrement touché par le fait que « des jeunes un peu paumés se soient découvert une passion pour les techniques du son et de la lumière au point d’en faire plus tard leur métier ».

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Le souci des autres

Ce souci des autres, Yves l’a manifesté il y a six ans en transmettant l’intégralité du capital de son entreprise d’ingénierie à ses quelque 150 salariés sous la forme d’une scop (société coopérative et participative également appelée société coopérative ouvrière de production ou société coopérative de travailleurs). « Et elle continue à très bien marcher sans moi », se réjouit-il. L’occasion était donc très belle pour assouvir à temps complet ses passions, à commencer par le spectacle vivant, « mais accessible à tous », insiste celui qui, quelques années auparavant, s’était produit dans des cafés théâtres.

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Essaimage

Yves ne se contente pas des spectacles à Gruchet. Toujours avec son association, il en monte d’autres comme, tous les dix ans, au lycée agricole de Tourville-sur-Pont-Audemer, dans l’Eure, en compagnie de ses élèves. Autre exemple, lié à une autre de ses passions, le cheval : un spectacle équestre. Sans compter le parrainage d’une autre production, cette fois à L’Aigle, dans l’Orne.

Enfin, mais cette fois à titre personnel, Yves participe au Téléthon dans son village natal d’environ 1 000 habitants. En 2019, il a ainsi contribué à recueillir 43 000 euros de dons.

Alors que, lorsqu’il était chef d’entreprise, le bénévolat était pour Yves « une soupape », aujourd’hui, s’amuse-t-il, « c’est devenu une Cocotte-minute ».

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Réactions et commentaires

Christine

« Comment passer de la démocratie participative à la démocratie collaborative ? Yves a la réponse. En mettant ses compétences de chef d’entreprise au service du spectacle vivant, il a su créer une belle cohésion au sein de son association. A quand la création d’un festival à Gruchet-le-Valasse ? »

 

Dominique

« Je connais Yves. Nous aurions pu aussi le surnommer « le magicien » … mais le nom était déjà pris.

Ce qu’il fait est magique : ses spectacles sont magiques (du professionnel avec des bénévoles !), ses démarches intergénérationnelles sont magiques, sa façon d’intégrer des jeunes, dont certains sont « très cabossés », est magique. A chaque fois, tous ces bénévoles sortent fiers de ce qu’ils ont réalisé - Yves est très exigent- et entrent dans des processus positifs. De la vraie éducation populaire ! »

 

Thibault Renaudin, président d’InSite

« L’engagement d’Yves me touche énormément par sa propension à aimer autrui. J’admire sa générosité humaine et sa capacité à transmettre et à faire confiance tant sur plan professionnel que dans son engagement associatif. Impliquer des centaines de bénévoles au service de la promotion d’un territoire, d’une histoire, c’est savoir faire de la différence de chacun une chance et une force au service d’une ambition collective. Dans la période de crise inédite que nous traversons, cet exemple ne peut que nous inspirer et répond selon moi à deux enjeux majeurs : 

- la promotion de l'engagement collectif qui force l’humilité et permet à chaque individu de sortir de ses certitudes pour se mettre au service d’une ambition plus large ;

- la promotion et l’implication au service des territoires ruraux qui favorisent un autre modèle de développement territorial plus équilibré et harmonieux entre villes et campagnes. »

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