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Cuisiner pour les hôpitaux pendant l’épidémie de Covid-19

Du 8 avril au 7 mai 2020, l'association « Rendez leur le sourire » a préparé plus de 8 000 repas pour les services des urgences d'hôpitaux de la région parisienne. Grâce notamment au lycée hôtelier Théodore Monod d'Antony qui lui a ouvert ses cuisines et au directeur de la formation qui a organisé une chaîne de fabrication parfaitement sécurisée.

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Au menu de ce samedi d'avril 2020 : petits friands au chèvre ou salade de crudités ; pâtes au gorgonzola avec ou sans viande ou salade de jarret de porc et pommes de terre ; pomme au four ou tarte aux fraises. Tout en étant appétissant, ce menu n'a pas oublié les végétariens ni ceux qui se soucient d'équilibre alimentaire.

Alors que l'épidémie sévit et que le pays est confiné, 450 repas ont été livrés à des hôpitaux de la région parisienne. Ils ont été mitonnés par l'association « Rendez leur le sourire ».

Cette association a été créée en novembre 2019 par le docteur Rafik Masmoudi, urgentiste à l'hôpital Georges-Pompidou (Paris 15ème), Sara Chenaoui, commerçante à Antony (Hauts-de-Seine), Fatima Masmoudi, conseillère en image (les conseillers en image aident à trouver ou à retrouver une bonne image et une estime de soi) et  Rahma Masmoudi, étudiante en master énergie-matériaux.

L'association porte bien son nom puisqu'elle a pour objectif de rendre le sourire aux personnes atteintes d'un cancer en les aidant à se sentir mieux dans leur peau. Ils auront alors plus de chances de guérir.

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De strictes règles d'hygiène

L'épidémie de Covid-19 a bouleversé ce projet. Quand Rafik Masmoudi a raconté à son épouse et à leur amie Sara que, souvent, le personnel des urgences devait se passer de repas car les cafeterias des hôpitaux et les restaurants alentour avaient fermé ou qu'il fallait faire une queue trop longue, le trio a décidé de changer son fusil d'épaule et de préparer des repas pour le personnel des hôpitaux. Ils ont rapidement été rejoints par Ly Hear, 42 ans, coordinatrice de cuisine pour le projet baptisé "Cuisiner pour les hôpitaux".

Il a d'abord fallu trouver un lieu pour cuisiner en toute sécurité. Contacté par l'intermédiaire de Jean-Yves Corvez, directeur de la formation, le lycée hôtelier Théodore Monod à Antony qui avait dû fermer ses portes aux élèves, a accepté d'ouvrir ses cuisines à l'association. Jean-Yves Corvez a mis au point de strictes règles d'hygiène et supervisé l'organisation de toute la chaîne. Le matin, les bénévoles devaient arriver avec des habits, une blouse et des chaussures de rechange qu'ils enfilaient. Quelqu'un prenait leur température et leur donnait une charlotte, un masque, des gants et des sur-chaussures. Ils étaient une trentaine à préparer puis à conditionner les plats qui étaient ensuite placés dans des cellules de refroidissement et livrés le lendemain par une autre équipe d'une vingtaine de bénévoles.

Beaucoup d'entre eux sont des enseignants, des administratifs, des élèves volontaires avec l’autorisation des parents ou des anciens élèves de l'établissement connaissant bien les locaux. D'autres, comme Alexandra, n'y ont jamais mis les pieds. Agée de 25 ans, titulaire d'un master en environnement, elle est à la recherche de son premier emploi. Contactée par relations, elle a tout de suite répondu présent, ravie de sortir de trois semaines de confinement. Elle a apprécié cette première expérience de bénévolat. « Nous travaillons en petits groupes dans une très bonne ambiance. J'apprécie d'être dans une équipe, de réaliser des choses concrètes, d'approfondir mes connaissances en cuisine. Même si nous ne rencontrons pas les soignants, cela fait vraiment plaisir de les soutenir. » 

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Une gymnastique quotidienne

Ly Hear, qui a longtemps travaillé comme acheteuse dans l'agro-alimentaire et qui s'apprêtait à ouvrir un restaurant, était bien placée, tout comme Sara, commerçante pour solliciter les grossistes et les commerçants. Elle les a régulièrement contactés pour obtenir des denrées. « Chaque jour nous nous sommes adaptés aux ingrédients qui nous arrivaient, explique-t-elle. C'était une sacrée gymnastique ! »

Pendant ce temps, Fatima contactait les services des urgences pour leur proposer des repas et organiser les livraisons. Avec sa nièce, elle a aussi animé les réseaux sociaux pour rassurer les donateurs et les tenir informés.

L'association a fonctionné jusqu'au 7 Mai, date à laquelle elle a dû quitter le lycée qui se préparait à rouvrir ses portes. Elle a livré 8 000 repas à une vingtaine d'hôpitaux, mais aussi à des commissariats et aux pompiers.

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Une générosité grandiose

« Le plus extraordinaire c'est sans doute l'immense élan de solidarité, la générosité grandiose qui nous a soutenus dès le départ, se souvient Fatima Masmoudi. Autour de nous tout le monde a bougé : le lycée, les bénévoles qui n'ont pas craint de s'engager, les entreprises et les commerçants qui ont fourni des denrée, s mais aussi des bacs de congélation ou des étiquettes.

Le Rotary Club d'Antony a tout de suite soutenu financièrement le projet, ce qui a notamment permis de signer le chèque pour l'assurance.

France Bénévolat a également apporté une contribution financière ainsi que l’association Initiatives et AG2R LA MONDIALE. Sans oublier les donateurs anonymes qui ont alimenté une cagnotte.

La récompense est vite arrivée : les mots de remerciement des équipes soignantes qui ont bien sûr apprécié les repas mais aussi la bouffée d'oxygène et le soutien moral.

(Sylvie Karsenty Mai 2020)

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