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“La passionnée de l’éducation populaire” : Eliane

Grandie aux principes de l’éducation populaire née au lendemain de la Résistance, cette femme, aujourd’hui retraitée, a connu trois vies : d’abord dans le milieu associatif, ensuite dans le secteur marchand, puis, de nouveau, dans l’associatif.

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Lorsque l’on demande à Eliane Goudet ce qui l’a poussée à faire du bénévolat au cours de sa vie, elle rétorque aussitôt que, pour elle, «il a toujours été normal de rendre service ». Peu avide de parler d’elle-même, elle se décrit « de ceux qui ont tout commencé à l’envers », c’est-à-dire d’abord par le milieu associatif.

C’est ainsi qu’ont été posées les bases d’une thématique qui lui restera chère, celle de la collaboration entre les âges.

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Un parcours à l’envers

Tout commence à la Cegos où Jean Milhaud, le fondateur de cette société de formation alors à ses tout débuts, accueille comme stagiaire Eliane, élève d’HEC « alors « JF » pour raison de non-mixité dans les années 1950 », explique-t-elle. Grâce à ce « véritable précurseur de la formation continue », précise-t-elle, elle prend contact avec Henri Laborde, délégué général des Ceméa (Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active)), bien connus et reconnus dans le milieu associatif de l’époque, qui recherche une assistante. Elle le devient.

Pour son bonheur, elle découvre alors le champ de l’éducation populaire. L’éducation nouvelle, les méthodes d’éducation active feront ainsi sa formation.

A cette époque, Henri Laborde fonde, avec Jean Vilar, les Rencontres Internationales d’Avignon. Dans un autre champ, mais de manière cohérente, Henri Laborde ne tarde pas à créer une association loi 1901 agréée par le ministère de la Jeunesse et des Sports de l’époque : Rencontres de Jeunes.

Bien qu’elle fût jeune et sans attaches avec le milieu enseignant, Henri Laborde lui propose d’emblée de l’associer à ce qui fut pour elle une belle aventure : être à ses côtés la cheville ouvrière de cette association dont elle devient la secrétaire générale.

Salariée de cette structure, elle y travaille uniquement avec des enseignants avertis, amoureux de leur métier, formés aux Ceméa, tous bénévoles de Rencontres de Jeunes.

L’animation d’équipes bénévoles fut pour elle enrichissant et formateur. Elle en tirera les fruits plus tard. En effet, les hasards et les caprices de la vie, l’amèneront à une seconde belle aventure dans le secteur marchand qu’elle découvre alors. Pierre Bellon, président-fondateur de Sodexho (devenu Sodexo à partir de 2008), la société de restauration collective, venait de décider la création ex nihilo en interne d’un service de formation pour les trois marchés sur lesquels il était alors présent : entreprises, scolaires, secteur hospitalier. Et ce, au siège de la société, à Montigny le Bretonneux, dans les Yvelines. Il valide la candidature d’Eliane qui continuera à faire ce qu’elle savait faire en transposant son expérience dans un autre champ, en s’appuyant sur ses chères méthodes d’éducation active et en « mettant les doigts dans la sauce » pour comprendre et agir.

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Transmission des savoirs

En creusant un peu il est possible de comprendre ce qui a réellement motivé Eliane dans ses nombreuses activités associatives : le désir de transmettre. Il faut se souvenir qu’elle a été baignée dans l’éducation populaire, au sens de l’après-guerre et de la pensée des mouvements de la Résistance, bien ancrée dans les centres sociaux.

C’est finalement à travers la diversité et ses nombreuses expériences professionnelles et associatives qu’Eliane a su développer la majorité de ses savoir-faire. Notamment lorsqu’elle est passée dans le domaine de la gestion des ressources humaines dans le secteur marchand et qu’il lui fallut chapeauter la formation et l’apprentissage d’une grande entreprise de restauration.

Non seulement passionnée d’éducation populaire, elle l’est aussi d’alternance, de pédagogies actives, de tutorat de jeunes. Pour elle, pas question de la simple thématique « on donne/on reçoit », il s’agit, tout simplement, de l’alchimie du plaisir à donner.

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L’engagement associatif comme complément de la vie personnelle

Possédant une grande puissance de travail, Eliane a poursuivi de manière logique son engagement bénévole dès son entrée en retraite qu’elle désirait active.

Très impliquée dans le Centre National du Volontariat, ancêtre de France Bénévolat, elle a naturellement continué à s’engager dans les premiers projets de la nouvelle association créée en 2003, notamment celui du Passeport Bénévole®. Une façon différente de valoriser les « compétences expérientielles », celles qu’on acquiert autrement que par les formations formelles. Toujours l’éducation populaire !

Dès 2010, elle sent l’importance du grand thème sociétal de la solidarité intergénérationnelle. Elle s’y jette à corps perdu et contribue largement au lancement du premier programme thématique de France Bénévolat, Solidâges 21®.

En 2016, elle récidive sur le thème de la transition écologique et de l’éducation à l’environnement et au développement durable. Elle contribue au lancement du programme Planète, mon amie ! ®. Mais, elle ne contente pas de faire de la recherche-action. Elle met « les mains dans le cambouis » sur des projets concrets de terrain et trouve encore plus de bonheur quand des jeunes y sont présents. C’est ainsi que, en juin 2019, elle a préparé une journée de découverte de la nature pour 130 élèves d’école maternelle de zone prioritaire, au Jardin du Piqueur dans le Parc de Saint-Cloud.

Cette journée, en coopération étroite avec l’association Espaces, « est pour moi, dit-elle, l’exemple type d’une belle complicité pour agir et tisser au fil du temps des liens dans la confiance et l’amitié ».

Son engagement à France Bénévolat, Eliane la considère comme sa « troisième belle aventure ». La boucle est bouclée !

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Réactions et commentaires

Dominique

« Eliane a un caractère bien trempé ! Quand elle dit qu’«elle a tout fait à l’envers », il faut surtout lire qu’avant bien d’autres elle a eu des intuitions atypiques et qu’elle s’est lancée dans des actions allant contre ce qu’Emmanuel Mounier appelait « le désordre établi ».

Par ailleurs, obsédée de l’intergénérationnel avant tout le monde, elle a aidé à définir le concept. »

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