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« Le bénévolat pour se former » : Christine

Christine est responsable bénévole de l'équipe RH qui gère les bénévoles de l'association nationale des Restos du cœur.

 

Après des études de droit, Christine a passé une vingtaine d'années dans la presse magazine : le journal des médias et le groupe Prisma Presse (Géo, Femme Actuelle, Cuisine Actuelle, etc.). Elle y a notamment exercé la fonction de directrice de la publicité et des partenariats, un poste qui lui a donné le goût des relations humaines et développé sa force de conviction.

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Trois casquettes

En 2008, à 48 ans, elle a décidé de se reconvertir et a suivi un master pro en ressources humaines complété par une formation au bilan de compétences. Aujourd'hui, elle est consultante RH, spécialisée dans l'accompagnement des transitions et des projets professionnels, activité qu'elle exerce avec trois casquettes différentes : enseignante, consultante et responsable de recrutement.

A la Sorbonne, elle enseigne la gestion de projets à des étudiants en troisième année de licence de sciences humaines (histoire, lettres, philo). « C'est une option qui vise à les aider à avancer dans leurs études et à construire leur projet professionnel, explique-t-elle. Le cursus leur apprend à travailler en équipe sur un projet qui nécessite à la fois de la réflexion et une réalisation concrète dans une association, une start-up ou une structure culturelle. » C'est à Christine de trouver une vingtaine de projets par semestre.

Dans son activité de consultante, elle réalise des bilans de compétences et des entretiens de carrière pour plusieurs cabinets.

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Aider tout en se formant

Sa troisième casquette est celle de responsable des ressources humaines des bénévoles de l'association nationale des Restos du Cœur, une structure qui emploie environ 100 salariés et 500 bénévoles, une activité bénévole qu'elle exerce à mi-temps.

Comment et pourquoi est-elle arrivée à ce poste ? Après sa formation en RH, on lui a proposé d'intégrer les Restos pour aider à structurer le service RH bénévolat. D‘une part, pour mieux connaitre les besoins des services et développer le recrutement de nouveaux bénévoles de compétence car la cooptation et l‘évolution interne ne suffisaient plus. Et, d‘autre part, pour assurer un meilleur suivi de leur intégration car beaucoup partaient faute de mission précise ou de compréhension de l’organisation. « J'avais confiance dans cette association et je n’envisageais pas d’exercer mon métier de consultante RH sans une expérience dans la vraie vie, sans être confrontée à l'évolution des métiers dans une organisation. J'ai accepté cette proposition pour me former tout en donnant du sens à mon activité. Et puis le challenge de faire travailler ensemble des personnes de statuts différents, salariés et bénévoles, m'intéressait particulièrement. »

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Une centaine de recrutements par an

Aujourd'hui, Christine anime une équipe comprenant une salariée et deux bénévoles, équipe qui gère les bénévoles de leur entrée à leur départ. L'équipe les cherche, les recrute et les intègre. Une centaine de nouveaux bénévoles sont ainsi recrutés chaque année : assistantes administratives, informaticiens, juristes, responsables financiers, auditeurs qui auditent, par exemple, les procédures de stockage et de distribution de l'aide alimentaire, et même parfois un notaire pour gérer les legs et les donations.

Quand l'association a cherché un bénévole pour coordonner la maintenance de ses 200 chambres froides réparties sur tout le territoire, Christine a contacté un journal professionnel qui a rédigé un petit article intitulé : « Qui veut aider les Restos du Cœur ? ». Deux candidats ont répondu et l'un a pris la mission. Les postes les plus difficiles à pourvoir sont ceux qui concernent la responsabilité d'équipe parce qu’ils demandent une plus grande disponibilité. Les nouveaux candidats bénévoles sont plus jeunes, certains sont en activité, d'autres en recherche d'emploi ou en reprise d'études.

L’entrée aux Restos est concrétisée par la signature de la charte Restos, puis le parcours d'intégration comprend une période de découverte de trois mois pendant laquelle le bénévole suit la formation de base « Mieux connaître les Restos ». Elle se conclut par un entretien entre le bénévole et le responsable de son équipe. Et, s’ils sont d‘accord, le bénévole signe le document d‘engagement renouvelable chaque année. Par ailleurs, il est proposé au bénévole un entretien annuel de suivi RH afin de connaître son ressenti et ses envies d‘évolutions. Enfin, au bout de trois ans, les bénévoles participent à une journée d'échanges et de réflexions.

« Mieux faire mon métier de consultante RH »

En recrutant pour les Restos, qui font évoluer leur organisation avec plusieurs projets informatiques permettant de mieux accompagner les personnes en difficulté et les 70 000 bénévoles afin de répondre aux besoins financiers et de logistique, Christine suit l'évolution des métiers de l’association qui sont comparables à ceux de toute entreprise.

« Cette mission professionnelle bénévole me permet de mieux faire mon métier de consultante RH avec des bilans de compétence plus pertinents et de mieux orienter mes étudiants, tout en aidant une association et en nouant des liens professionnels et amicaux auxquels je tiens beaucoup. »

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Réactions et commentaires

Anne-Marie

« Christine fait partie de ces bénévoles qui ont compris que les associations sont des lieux qualifiants, donc apprenants, et qu’il n’y a pas mieux pour faire de la formation tout au long de la vie. »

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Nathalie Le Rouzo, fondatrice du cabinet RHesonance et responsable pédagogique du programme « S’engager pour bien vieillir » d’AG2R LA MONDIALE

« Recruter, mobiliser, accompagner, animer au quotidien les richesses humaines… tout un programme qui me parle et qui permet aux 600 bénévoles et salariés des Restos du Cœur de rester collectivement engagés.

Les défis RH sont souvent de taille dans le milieu associatif et le bénévolat.

Les relations humaines, naturellement très présentes dans les « organisations du cœur », se tissent et se construisent souvent spontanément, de manière empirique, au gré des rencontres et des expérimentations.

Si cette spontanéité doit rester le moteur du bénévolat, j’ai aussi la conviction que l’accompagnement humain est indispensable à la cohésion des équipes, au « donner du sens » à l’engagement de chacun.

Ainsi, comme le fait Christine, il est primordial de :

  • prendre le temps nécessaire pour réussir l’intégration de chaque bénévole au sein des équipes ;
  • régulièrement repartager l’éthique de l’association pour mobiliser, dans la durée, de la plus juste manière ;
  • faire cohabiter et travailler en cohésion salariés et bénévoles.

C’est ce socle fondateur et la confiance installée qui permettront de mobiliser durablement dans l’action, d’inventer de nouvelles contributions.

La période de confinement que nous vivons actuellement exacerbe les solitudes et les précarités, elle renforce aussi ce besoin d’animation de l’humain par des personnes de métier.

Le champ d’action devient plus large :

  • Prendre en compte la fragilité émotionnelle, la peur engendrée par le #Restez chez Vous ;
  • Pallier l’exclusion sociale des personnes isolées, l’exclusion familiale des personnes en Ehpad ;
  • Repérer les fragilités physiques et psychiques des personnes confinées ;

En parallèle, écouté dans ses peurs et ses interrogations, épaulé et guidé, le bénévole restera concerné, prêt à donner de façon différente.

Car il s’agit plus que jamais d’être là au plus près des plus isolés, des plus démunis, des plus désemparés.

Aux Restos du Cœur, on imagine bien l’utilité des compétences RH de Christine qui est forcément en première ligne. Réorienter dans l’urgence l’action bénévole, préparer et repenser les modes de distribution dans le respect des précautions qui s’imposent, veiller à la cohésion des équipes, au bien vivre de chacun.

La période hors norme que nous traversons voit aussi fleurir, jaillir de nouvelles solidarités.

Tous les acteurs engagés pour maintenir le lien social en France s’emploient aujourd’hui à encourager leurs bénévoles à donner de leur temps de façon différente, inhabituelle et à distance.

Au-delà de ces associations qui font un travail remarquable, il y a cette envie de se rendre utile, d’être solidaire, entre voisins, avec le corps médical et avec toutes les personnes en première ligne.

Des initiatives de groupes de jeunes dans les quartiers, de télétravailleurs inspirés, de jeunes retraités qui ne sont dans aucune structure et qui spontanément débordent de générosité !

Profitons de ce printemps de solidarité et de prise de conscience pour capitaliser dans la durée.

Demain, nous serons revenus à une situation sanitaire normale, mais nous aurons appris à travailler différemment grâce au télétravail, nous nous serons mobilisés différemment et localement.

C’est sûrement une opportunité à saisir pour mobiliser de nouveaux bénévoles, pour fédérer les acteurs existants au sein du programme « S’engager pour bien vieillir » porté par la Direction des activités sociales d’AG2R LA MONDIALE.

Mobilisons les énergies dès maintenant dans nos réseaux pour que la prise de conscience du moment et ce magnifique élan de solidarité restent ancrés durablement dans les années à venir.

Continuons, après ce confinement, d’aider l’ancienne maîtresse d’école fatiguée et fragile à faire ses courses, l’ancien cuisinier traiteur à retrouver le sourire, la personne en Ehpad à parler de ses talents, de son ancien métier, des convictions qui ne l’ont jamais quitté, etc.

Sublimons cette dynamique naissante en un mouvement de fond vers la solidarité et le bénévolat ! »

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