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“L’esprit intergénérationnel” : Jean-Luc

Depuis la fin de sa vie professionnelle, ce cadre bancaire s’investit dans une association dont l’objectif est d’initier les enfants de 9 à 14 ans aux métiers de l’artisanat.

Comme de nombreux salariés au bord de la retraite, Jean-Luc, cadre bancaire dans le domaine technique, s’inquiétait : « Que vais-je bien pouvoir faire une fois ma vie professionnelle achevée ? ». Une première solution s’impose à lui : poursuivre son activité en se mettant à son compte. Ce qu’il fait. Mais trois ans plus tard, à l’âge de 68 ans, le problème se repose. Il raconte : « Un jour, ma fille, qui exerce le métier d’ergothérapeute, m’a remis la brochure d’une association qu’elle venait de rencontrer à un salon des seniors. Ce fut le déclic. Le soir même, j’écrivais une lettre de candidature et c’est ainsi que je me suis engagé dans le bénévolat. »

De 9 à 14 ans

Cette association, L’Outil en Main, vise à « initier des enfants aux métiers manuels et du patrimoine » et, plus précisément, à ceux âgés de 9 à 14 ans. Sur les quelque 200 implantations locales dont elle dispose sur le territoire national, près de 500 métiers sont concernés. Certains sont traditionnels à l’image de la menuiserie, la plomberie, l’électricité ou la coiffure. D’autres le sont moins comme ceux de la prothèse dentaire ou de la broderie.

Jean-Luc, pour sa part, est bénévole depuis deux ans à la structure locale de Boulogne-Billancourt dont il est le secrétaire. Pas de rapport, a priori entre ses anciennes fonctions de cadre bancaire, même technique - il s’occupait de téléphonie chez son dernier employeur - et l’artisanat. « Ah, tout de même, j’étais amateur du travail du bois ! », se défend-t-il en riant. Très différent, néanmoins, des trois anciens pros - ébéniste, électricien et peintre – qui font partie de son équipe locale. Si sept sont retraités, trois ne le sont pas. C’est le cas d’une mère au foyer animatrice d’un atelier de modelage, d’une jeune femme d’une quarantaine d’années travaillant dans l’assurance qui, elle, anime un atelier d’arts plastiques et, enfin, d’une autre, âgée de 35 ans. Enfin, au coup par coup, selon les opportunités, on peut inclure des intervenants toujours en activité professionnelle comme un plombier, un ébéniste restaurateur de meubles et même des brodeuses rencontrées il y a deux ans à un forum des associations. Tous sont bénévoles.

Deux heures le mercredi

Sur l’ensemble de l’année scolaire, les enfants sont mobilisés deux heures chaque mercredi après-midi. Mais sans être spécialisés. Ils sont en effet initiés à l’ensemble des métiers proposés. « J’ai été très surpris de voir comment ces enfants, des garçons pour 85 % d’entre eux, s’impliquaient, y compris ceux que j’appellerais les petits caïds », s’émerveille Jean-Luc qui explique en quoi son expérience de bénévole est enrichissante sur le plan personnel : « Quand on est retraité, ça oblige à avoir une vie sociale. A cet égard, je suis particulièrement attaché à cet esprit de transmission de savoir-faire intergénérationnel entre des seniors et des enfants. »

Entre sa présence les mercredis, la préparation de l’atelier, son nettoyage et son rangement, la recherche d’idées de travaux à réaliser et l’administration de la structure, Jean-Luc estime la durée de son activité bénévole à deux jours par mois. « Mais dans ma tête, c’est trois jours par semaine », ajoute-t-il en souriant.

Et encore, ne compte-t-il pas le temps qu’il consacre à monter une autre structure de L’Outil en Main… dans le Finistère. Il va en effet bientôt déménager dans ce département où il a acheté une maison il y a deux ans et demi. Et pas question, bien entendu, d’abandonner l’association. « J’ai déjà trouvé comment constituer le bureau et j’ai commencé à poser des jalons pour trouver des bénévoles », annonce-t-il.

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Réactions et commentaires

Joël

Jean-Luc a choisi la transition « transposition » : transfert de compétences sur projet remanié pour transmettre ses connaissances de travail manuel à des enfants de 9 à 14 ans.

De mon point de vue, cela correspond à un véritable besoin d’autonomie avec le développement du « Do It Yourself » et je ne suis pas certain que l’Education nationale organise encore des travaux dits manuels. J’ai eu l’occasion de rencontrer beaucoup de personnes adultes qui ne savaient pas changer un joint d’un robinet en cas de fuite.

Pour répondre à la rupture de la vie sociale au moment de la cessation de l’activité professionnelle, le bénévolat, comme le souligne Jean-Luc, est un bon moyen pour reconstruire des relations sociales et inter générationnelles.

Béatrice

Passeur de mémoire, passeur de savoir, passeur d’histoire…

C’est une partie de notre patrimoine commun que les bénévoles de l’Outil en main se proposent de transmettre.

L’étape de sa vie professionnelle derrière lui, Jean-Luc décide de se consacrer au partage de sa passion avec les enfants. Quelle opportunité offerte à la jeunesse, qui a cet âge-là est très en demande d’un lien avec « les grands-parents » qui sont souvent éloignés. Entre 9 à 14 ans, c’est aussi une tranche d’âge pour laquelle le dessin disparaît des apprentissages élémentaires. On commence à intégrer que les activités manuelles sont moins valorisées que celles intellectuelles, alors que les capacités et l’envie d’apprendre à faire avec mains sont encore vivaces, surtout avec une figure grand-paternelle si forte et structurante ! C’est un cadeau que Jean-Luc offre aux enfants en leur ouvrant la porte de « son atelier » toutes les semaines. Les enfants s’en souviendront !

 

 

Pascal Sagnol, responsable de la prospective des Ateliers Leroy Merlin

J'ai eu le plaisir de participer au 25ème congrès de L'Outil en Main à Angers en novembre 2019, à l'invitation de l'engagement sociétal d’AG2R LA MONDIALE qui y témoignait. J’y ai découvert une belle communauté de retraités engagés et toujours très actifs, notamment à travers la transmission intergénérationnelle de savoir-faire manuels aux enfants lors de leurs ateliers du mercredi. Cette transmission se passe dans les deux sens, quand les jeunes élèves apprennent à leurs formateurs les derniers usages des outils numériques : téléphone portable et réseaux sociaux par exemple. Une initiation aux métiers manuels qui créé des vocations chez les enfants et qui participe à l'élaboration des métiers de demain ! Tout en permettant aux jeunes retraités d'entretenir le lien social avec une société qui a et aura besoin de leurs conseils pour construire ensemble un demain plus en lien avec les transitions qui s'imposent à nous.

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