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« L’ouverture aux autres » : Paulette

Que ce soit dans son entourage ou dans les associations de Pont-Audemer dans l’Eure, Paulette aime aider. Elle est engagée dans deux d’entre elles : la Croix-Rouge, dont elle est trésorière, et les Restos du Cœur où elle distribue de l'aide alimentaire.

 

Paulette habite à Saint-Germain Village, une commune limitrophe de Pont-Audemer, dans l'Eure. Elle a effectué toute sa carrière dans une tannerie qui a déposé son bilan en 2003. Après 40 ans de bons et loyaux services au département du planning puis au commercial, elle a donc été licenciée. « Ne reste pas seule chez toi, lui a conseillé un de ses collègues qui était secouriste à la Croix-Rouge, viens avec nous ! » Paulette l'a écouté. « J'avais envie de rencontrer des gens, d'aider, d'échanger, d'aller de l'avant. »

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Répondre à la demande des assistantes sociales

Paulette a donc rejoint la Croix-Rouge, d'abord pour assister la trésorière, puis pour la remplacer quand celle-ci est partie à la « retraite ». Aujourd'hui, à 73 ans, cette femme chaleureuse est toujours trésorière de la Croix-Rouge de Pont-Audemer. Mais, à côté de cette grosse responsabilité, elle y exerce d'autres activités. Tous les lundis après-midi, elle assure, avec d'autres bénévoles, une permanence. Elle répond aussi à la demande des assistantes sociales du pôle social de la communauté de communes de Pont-Audemer/Val de Risle, pôle qui regroupe tous les services sociaux, et travaille en étroite collaboration avec les associations locales comme la Croix-Rouge, Emmaüs, les Restos du Cœur, le Secours populaire et le Secours catholique. Un matin par exemple, elle reçoit un appel d'une assistante sociale qui lui parle d'une femme qui a besoin de se déplacer en voiture mais ne peut remplir le réservoir faute de moyens. L’après-midi même, Paulette ira lui remettre un bon de carburant. Elle passe ainsi plusieurs demi-journées par semaine à répondre à ces demandes. Elle se sent récompensée quand une femme étrangère, à qui elle a conseillé de suivre le cours d'alphabétisation de la Croix-Rouge, commence à parler français, s'ouvre aux autres et l'embrasse.

Pendant plusieurs années, Paulette a rendu visite tous les jours à Marie-Louise, une dame très âgée de son entourage. D'abord à son domicile, puis en Ehpad. « Nous avons beaucoup parlé, elle m'a beaucoup apporté, se souvient-elle. Et quand elle nous a quittés en 2018, cela a fait un grand vide dans ma vie. »

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Un nouvel engagement

Alors Paulette, qui connaît parfaitement toutes les associations locales, a cherché un nouvel engagement. Le président des Restos du Cœur de Pont-Audemer l'a invitée à une réunion de présentation du bénévolat. Paulette a choisi de distribuer l'aide alimentaire aux plus démunis, une fonction qu'elle assure encore. Mais elle a aussi suivi une formation d'inscripteur d'une durée de deux jours pour recevoir les personnes qui sollicitent cette aide. Celles-ci doivent en effet justifier de l’insuffisance de leurs ressources. L’inscription est un moment difficile et délicat. « Nous sommes toujours deux pour recevoir les personnes dans le besoin et les mettre à l'aise. Nous les laissons s'exprimer et certains nous décrivent des situations affreuses. Nous ne sommes pas là pour les juger mais pour les aider à se sortir d'une mauvaise passe. Nous leur offrons un café et les écoutons. Ils sortent un peu réconfortés. » À chaque début de campagne, hiver et été, Paulette participe ainsi à l'inscription des bénéficiaires.

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« On donne et on reçoit »

Ce qu'elle aime dans toutes ces activités, c'est d'abord aider, bien sûr. « En tant que bénévole on donne et on reçoit. » Elle aime aussi « rencontrer beaucoup de gens différents et intéressants. Une certaine convivialité s'installe. On se fait de nouveaux amis. Et puis cela ouvre l'esprit, on découvre beaucoup de misère, beaucoup de désarroi. Des choses qu'on ne peut pas imaginer quand on reste tranquillement chez soi. »

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Réactions et commentaires

Dominique

« Je connais Paulette depuis très longtemps. Quand elle dit qu’elle s’engagée dans une première association parce que, mise en pré-retraite brutalement par le dépôt de bilan de son entreprise employeuse, elle ne pouvait pas rester inactive, c’est vrai. Paulette est une suractive !

Mais découvrir progressivement le monde associatif n’allait pas de soi, car c’était pour elle un univers totalement nouveau. Ce qui explique aussi son engagement, c’était l’habitude de solidarité de son père, Paul, qui rendait service à tout le monde dans son quartier. Il a transmis son virus à sa fille sans même qu’elle s’en rende compte. Du coup, ça va de soi.

C’est aussi la soif de Paulette de connaitre tout, de s’émerveiller de tout ce qu’elle ne connait pas et d’avoir une grande intelligence des situations et des personnes. « On ne voit bien qu’avec le cœur », disait le Petit Prince. Paulette aurait pu le dire. »

 

Eric Sanchez, directeur de la valorisation et des initiatives sociales à la Direction des activités sociales d’AG2R LA MONDIALE

« J’ai été ému par le portrait de Paulette et son témoignage sur sa vie au service des autres.

Je suis toujours frappé par cette capacité de rebond de personnes dont on peut dire que la modestie de leur situation est inversement proportionnelle à l’engagement très fort pour un vivre ensemble au quotidien, dans un monde réel.

Je trouve toujours réconfortant de constater que, même dans les moments difficiles, une main tendue, une parole bienveillante, font du bien autant pour le donneur que pour la personne qui reçoit.

Je crois sincèrement qu’il y a un langage du cœur et que celui-ci ne dépend pas de la condition sociale mais de la « condition humaine ».

Les plus humains ne sont pas toujours les plus diplômés, loin s’en faut.

A travers son portrait, je constate à nouveau que l’être humain est un animal social et que sa nourriture principale est ce lien créé avec d’autres.

La relation d’aide, telle que la vit et la décrit Paulette, me semble d’abord un acte d’amour, si ce n’est d’affection pure et de gentillesse, simplement.

Finalement, laisser faire les gens de bon sens, leur permettre d’exprimer leur attention à l’autre et, au final, faire du bien, est peut-être la plus belle chose qui soit lorsqu’elle est désintéressée.

Je propose que Paulette, comme d’autres, soit érigée en héroïne du quotidien pour panser les plaies du monde et corriger les erreurs que nous commettons, au nom, souvent, de l’intelligence.

Paulette je vous embrasse très fort, depuis mon confinement marseillais. »

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